Vous êtes ici

Civilisation chinoise - DU1 S2

Notes pour le contrôle DU 1 semestre 2

Références :

  • les notes de cours de Maryse D. (merci Maryse !)
  • Histoire de la pensée chinoise - Anne Cheng - Editions du Seuil - 1997

Le taoïsme

Lao Tseu = Lao Zi

Le message de Lao Zi commence par un paradoxe, il valorise la faiblesse : le faible triomphe du fort, le souple triomphe du rigide.

L'homme de bien suprême est comme l'eau : il conquiert avec faiblesse et douceur (ch. 8, ch. 78).

Le paradoxe est : préférer le faible au fort, le non-agir à l'agir, le féminin au masculin, le dessous au dessus.

yīn = féminin
yáng
= masculin 阳

non action = 无为 (wú wéi : ne pas avoir / rien / ne pas / sans + faire / agir)

La victoire ne cherche pas à dominer, mais à faire régner un équilibre, à retrouver une harmonie.

Faiblesse et renoncement jouent un rôle de contrepoids à la violence et au pouvoir dominant.

Le plus vieux principe : mutation. Rien dans le monde n'est immuable. L'évolution aboutit à un nouvel équilibre. L'excés aboutit à son contraire.

Un être humain suit la même loi qu'un royaume : mort cyclique. Le déclin correspond à un 气 (qì : souffle) épuisé. Un homme qui meurt, c'est son qi qui s'éteint.

Taoïsme = suivre la nature des choses sans y opposer de force.

La sagesse chinoise s'exprime sous forme de dictons populaires :

  • avec un peu de bien en moins,  on éviterait peut-être des catastrophes.
  • cédez d'un pas et vous gagnerez peut-être un ami. Reculez d'un pas et vous trouverez de l'espace.
  • une chose arrivée à son extrémité ne peut évoluer que vers son contraire.

Paradoxe le plus connu chez Lao Tseu :  无 / 有 et 没有.

Le dao n'est ni existant, ni non existant.

L'absence aurait plus de présence. Le vide aurait plus d'efficacité que le plein.

Le taoïsme pouvait apporter l'immortalité, selon une branche du taoïsme. Recherche du cinabre de l'immortalité.

Le taoïsme philosophique

Le vieux maître (老子  lǎo zǐ). Se fait appeler Li Er Ming Li Dan [?].

Peu d'informations existent. Certains disent qu'il n'a jamais existé. Sima Qian (-200), dans ses Mémoires historiques,  dit que Lao Tseu aurait été archiviste en -600 (Printemps et Automnes), à la cours des Zhou. Il aurait donc été contemporain de Confucius. Il raconte qu'ils se seraient rencontrés, et Lao Tseu aurait répondu avec arrogance. Il aurait vécu avant Zhuangzi. Mais certains, comme Anne Cheng, disent le contraire.

Aujourd'hui, beaucoup pensent qu'il était une figure légendaire. Il est toutefois considéré comme l'un des deux fondateurs du taoïsme. La réalité du livre est indiscutable : 道德经 dào dé jīng : classique de la voie et de la vertu - Taote king.

Sima Qian nous apprend que Lao Tseu est né dans le district de Li.

Réponse à Confucius

Les personnes dont tu me parles ont pourri, seules leurs paroles demeurent... Défais-toi de ton tempérament fier, les désirs multiples. Cette attitude et ce zèle excessifs ne sont d'aucun secours pour ta personne. [?]

Confucius se déplaçait, dans la recherche d'un poste de conseiller.

Le non-agir 无为, l'absence de désir, sont caractéristiques, ainsi que le mysticisme. A ses disciples "le poisson, les oiseaux...", Lao Tseu cultivait la Voie et ses puissances.

Il s'aperçoit du déclin de la dynastie et quitte le pays, pour partir vers l'ouest, pour vivre en philosophe retiré et caché. Quand il franchit la dernière passe vers la steppe, le gardien de cette dernière lui aurait demandé d'écrire un livre pour lui. Le résultat est un texte d'environ 5000 caractères (81 chapitres).

Au coeur de l'enseignement taoïste, trois livres ont acquis le statut de classiques :

  • celui de Lao Tseu (livre de la voie et de la vertu)
  • le Zhuang Zi (vrai classique de Nanhua)
  • le moins important : Lie Zi (vrai classique du vide parfait)

Lao Tseu est édité en 1445.

En privilégiant la parabole et le paradoxe, il incite à une lecture intime.

Parties de poésie rythmée, style simple et obscur, aphorismes, métaphores, saute du coq à l'âne, rapprochements insolites.

Exemples :

道          可          道          非          常          道

daò       kě         daò         fēi       cháng     daò

La voie qui peut être exprimée par la parole n'est pas la Voie éternelle.

名          可          名          非          常          名

míng    kě          míng         fēi       cháng    míng

Le nom qui peut être nommé n'est pas le Nom éternel.

Les voies qui peuvent être suivies ne sont pas la voie constante.

La voie à qui l'on peut donner la voix n'est pas la voie de toujours.

La langue est une langue cryptée, à interprétations multiples. Le livre de la cour jaune dit Qui le [livre de Lao Tseu] reçoit est maître.

Le texte de Lao Tseu devait être chanté et rythmé comme pour une cérémonie religieuse. Utilisé comme manuel de méditation, de révélation, de divination, pour obtenir la vie éternelle. On a très tôt essayé de faire de Lao Tseu un immortel puis un dieu.

En 166, l'empereur de la dynastie des Han sacrifie à un être cosmique, vénérait Lao Tseu comme modèle de la transformation de soi, l'éclosion hors de soi, la recherche de la perfection du comportement.

Propagée par des lettrés retirés, la doctrine revêt une exaltation mystique. Plus tard, de véritables sectes l'appellent le vénérable maître de la suprême souveraineté. Il est placé à la troisième place de la triade légendaire(voir plus loin).

Lors de l'introduction du bouddhisme, les taoïstes se sentent menacés. Aujourd'hui, dans des temples, c'est peut-être Lao Tseu qui est parfois représenté, à côté des bouddhas.

Les grands thèmes

Dao

Voie, méthode, guide, comportement. C'est le premier mot du livre.

Il faut être exempt de passions, sans désir, pour apercevoir le dao. Ce terme représente un ensemble d'idées confuses, et suscite bien des interprétations. Des Chinois disent qu'on ne peut l'expliquer. Les textes qui tentent de l'expliquer font toujours état d'une présence / absence, être / non être, avoir / non avoir.

La quiétude et la solitude sont nécessaires à la méditation.

Inclure le contraire dans une affirmation est souvent employé par Lao Tseu : 有无

Fondement ultime et constitutionnel de la vie, origine du monde.

Zhuangzi : "Le dao est le point ultime des êtres, ni la parole ni le silence ne peuvent le porter." Il est indicible, il inclut toute la réalité dicible.

Sous les Zhou, des inscriptions sur bronze (10ème siècle avant JC) font état du dao comme chemin.

Le dao ne peut ni se montrer, ni se voir, chose confuse et invisible (chap. 10 Lao Tseu) : on trouve ainsi des séries de négations (ni... ni...).

Le dao est transcendant et constitue son propre fondement. "Il est vide... De lui naissent les 10.000 êtres... Avant le Seigneur d'en haut, je crois même qu'il était là."

Conçu comme un principe antérieur au ciel. Parfois apparenté au néant, il est nulle part et partout. On ne peut pas le voir mais on voit ses effets.

Zhuangzi : "Le tao est réel, on en voit les effets. Il anime les démons et le souverain du ciel".

C'est l'ordre naturel, moteur de l'univers, principe dynamique qui régule le cours des choses. On ne lui attribue jamais de traits humains, on le compare à l'équerre et au compas. Unité de soi-même avec soi-même et avec l'unité du monde (le yī, l'Un). Peut être saisi par une intuition mystique, sous certaines conditions : exercices de méditation, qui ont pour but d'acquérir ce principe, pour atteindre une puissance cosmique.

Le paradoxe dans le Dao Te King (道德经)

Valorise la faiblesse. Le faible triomphe du fort. Utilisation de la métaphore de l'eau (chap. 78). "L'homme de bien suprême est comme l'eau".

Conquérir avec faiblesse et douceur, opposé au principe de domination, préférer le non-agir, le féminin au masculin, le dessous au dessus. Yin et yang apparaissent dans le chapitre 42 (le Dao donne le Un, le Un donne les Deux (yin et yang), les Deux donnent les Trois (l'harmonie), les Trois donnent tous les êtres). Yin = le repos, yang = l'action. Non action = wú wéi (ne pas avoir + faire en ancien chinois) : 无为.

La victoire que la taoïsme recherche n'est pas la domination, mais l'équilibre et l'harmonie. Le renoncement est un contrepoids à la violence. L'ordre naturel est présidé par un mouvement de compensation, il entraîne toujours un renversement des forces en présence. Rien dans le monde n'est immuable, tout évolue. L'évolution aboutit à un nouvel équilibre, l'excès aboutit à son contraire. La nuit va vers le jour, l'été vers l'hiver. Si on tombe au plus bas, on ne peut que remonter. Un être humain et un royaume suivent la même loi, une dynastie qui décline : "son souffle qi 气 s'épuise". Quand on meurt : "avaler son dernier qi".

Dictons populaires :

"Avec un peu de biens en moins, on évitera peut-être des catastrophes." "Vous cédez d'un pas, vous gagnerez un ami." "Reculez d'un pas et vous trouverez de l'espace."

"Une chose arrivée à son extrémité ne peut évoluer que vers son contraire."

Les couples d'opposition dans la pensée chinoise ne sont pas exclusifs.  阴 yīn et 阳 yáng sont complémentaires et contenus l'un dans l'autre.

Le paradoxe le plus connu est l'opposition entre wu et you : ne pas avoir / avoir. Ce balancement entre les contradictions est très présent dans la notion de "dao". Le dao n'est ni... ni..., mais il produit des effets perceptibles. "La voie est indistincte, élusive... Il est vague, il est confus... Au-dedans de lui, il y a des images... des êtres, une naissance spirituelle... Il donne naissance à tous les êtres..."

"L'absence aurait plus de présence que celui qui est et le vide aurait plus d'efficacité que le plein". Voir les images de la roue, du récipient en argile, de la fenêtre et de la maison (chap. 11)

"L'usage naît du non-être." "Vide et plein passent l'un dans l'autre, voilà l'autre nom de la grande identité."

Le paradoxe va à l'encontre des habitudes intellectuelles : poser quelques chose, c'est en même temps poser son contraire.

"Quand tous par le monde reconnaissent le beau pour le beau, aussitôt voilà le laid." "Quand tous les hommes ont su apprécier le bien,alors le mal apparaît."

Le paradoxe montre qu'il faut relativiser les choses.

La non-action

Le Dao Te King répond à des préoccupations dominantes de son époque, il traite de l'art de gouverner. Les principautés luttent à mort pour l'hégémonie. Comment sortir du cercle vicieux de la violence ?

"Laisse là ta sagesse et ton discernement, le peuple en tirera cent fois profit" : s'oppose à Konzi (chap. 27 ?).

Le souverain doit sauver les hommes, sans agir, sans interférer dans le cours naturel des choses. Il doit assurer le bon fonctionnement des choses de façon naturelle et spontanée. "Je n'agis pas, le peuple se transforme de lui-même." (chap. 57)

Rester dans la quiètude. La meilleure façon de remédier à l'usurpation, à la violence, c'est de ne pas agir. La force finit toujours par se retourner contre elle.

"Ne cherche pas à régner par les armes." (chap. 30).

"Celui qui agit détruira, celui qui saisit perdra." (chap. 64).

Il faut agir dans l'ordre des choses, conduire les choses selon le sens des mouvements. L'exercice physique est utile aussi pour le maintien de la santé. Ne pas s'opposer à la force de l'autre, mais en profiter, et faire en sorte qu'elle devienne inutile.

Le sage n'agit pas, mais accomplit. Il ne s'agit pas de passivité, mais de respecter l'autonomie d'autrui. Voir Guanzi, début chap. 1 : oppose l'homme et le sage.

Le taoïste se conforme au temps lui-même. Il en résulte une éthique plus universaliste que le confucianisme. Il attire les hommes au bien sans qu'ils s'en rendent compte. Les valeurs morales courantes sont condamnées, car elles contrarient la spontanéité naturelle. Les valeurs morales confucéennes demandent beaucoup de contraintes.

Les sages taoïstes vivent retirés du monde et ont plus de liberté. Mais Lao Tseu donne aussi son enseignement aux princes. Le non-agir, la non-violence, sont les moyens les plus sûrs et les plus efficaces pour obtenir le pouvoir et le conserver : le meilleur souverain est celui dont on ignore l'existence.

Plus il y a de lois, plus il y a de contrevenants.

Il applique même ce principe à l'art de la guerre : "Plus le peuple possède d'armes tranchantes, plus le désordre règne." (chap. 57).

Plus que comme doctrine politique, le taoïsme aura du succès comme sagesse individuelle.

"Gouverner le pays", "se gouverner soi-même" : même terme en chinois.

Culture : sens physique et intellectuel. L'objectif de la médecine chinoise n'est pas de guérir une maladie, mais d'obtenir le bien de l'individu.

Certains passages du livre font allusion à des méthodes de "longue vie". La sainteté n'est pas séparable d'une puissante vitalité qui s'entretient par une économie de l'énergie donnée à la naissance.

C'est par le non-agir qu'on conserve l'énergie du petit enfant. Eviter de s'emporter, se contenter de son sort, on préserve ainsi son yuán qì (souffle vital) (en japonais, pour saluer, on dit "comment va ton qi ?").

Zhuangzi

Pour Zhuangzi, en fusionnant avec le temps, l'homme retrouve son centre et n'est plus affecté par la souffrance, la maladie, la mort. La perte des biens matériels est encore moins importante.

Chez Zhuangzi, le problème de la mort et de la souffrance n'est jamais posé de front, car pas perçu comme un mal absolu. Souffrance, maladie, mort sont considérées comme faisant partie du mouvement.

Chap. 17 du Zhuangzi : le Tao n'a ni fin ni commencement. Les êtres connaissent mort et vie sans avoir jamais l'assurance de leur accomplissement. Déclin et croissance, plénitude et vide. Tout ne finit que pour recommencer. Comme pour Laozi, tout est relatif et tout est changeant.

Après la mort de la femme de Zhuangzi, un ami de ce dernier le trouve en train de chanter. Quand l'homme cesse de  se démener, de vouloir, d'imposer aux choses ses cadres de pensée et son mode d'action, que lui reste-t-il comme mode d'existence fondamental ? La naissance, la croissance, le déclin et la mort. Processus spontanés, naturels, qui relèvent du ciel. Tel est notre destin céleste.  Difficile à accepter, car on veut toujours décider, choisir.

L'héritier de Confucius, Xunzi, reproche à Zhuangzi de n'avoir voulu connaître que la nature et non l'homme. Les confucéens postérieurs dénoncent chez Zhuangzi son excentricité et son amoralisme. Mais l'influence de Zhuangzi est très grande et très profonde sur le bouddhisme chinois. Elle se voit également dans le néo-confucianisme, sous la dynastie des Song (après le 10ème siècle).

Zhuangzi a été une source riche d'inspiration artistique et littéraire. La littérature taoïste a développé un imaginaire fécond, puissante source d'inspiration de l'art, de la poésie et de la peinture chinoise (aspiration à la liberté, inspiration romantique).

Héritage du taoïsme pour les croyances populaires

Ecole taoïste 道家 : taoïsme philosophique associé aux livres de Laozi et Zhuangzi.

Taoïsme religieux 首教 shǒu jiào : mouvement sectaire (secte des Turbans Jaunes).

Plus tard, les lettrés s'intéressent au bouddhisme (voie du thé et des chevaux, route de la soie plus tard). Sous la dynastie des Han, un moine va en Inde chercher un livre en sanscrit.

A partir de l'introduction du bouddhisme en Chine, on parle des trois enseignements 三教 : confucianisme / taoïsme / bouddhisme.

La cour connaît des débats entre les représentants des trois doctrines. Ces débats conduisent à la suppression du taoïsme ou du bouddhisme, mais jamais du confucianisme.

La religion taoïste est en concurrence avec le bouddhisme car toutes les deux proposent une voie de salut. Cela crée des communautés qui se construisent en laissant une place aux ancêtres, autour du cultes de divinités.

Le taoïsme est une religion ritualiste, autour de Laozi considéré comme un dieu suprême. Il a été interdit sous le règne des communistes.

Il a aujourd'hui peu d'adeptes, mais il existe chez le peuple des croyances populistes. Ces activités n'ont jamais cessé d'exister, et se répandent dans le monde (diaspora chinoise aux USA, Canada, Asie du SE...)

Le panthéon des divinités

Taoïstes divinisés, qui forment une pyramide hiérarchique. En haut : la Triade des Trois Purs 三清 sān qīng. Le plus révéré est le Pur de Jade (Pangu) 玉清, ou Empereur de Jade. Avec lui, le Pur Supérieur 上清 et le Pur Extrême (Laozi) 太清.

En-dessous viennent les saints et immortels, appelés Hommes Authentiques 人 zhēn rén, ou Dieux xiān.

Dès lors qu'un individu obtient l'immortalité, il est sanctifié et trouve sa place ici.

Les saints sont les patriarches d'une école. Leur histoire mêle mythe et réalité. Le groupe de saints le plus connu est celui des Huit Immortels 八仙, et la Reine-Mère d'Occident (la Reine des Immortelles).

"on est devenu 仙" : on a quitté ce monde.

Purification spirituelle et physique

L'adepte du taoïsme doit cultiver la vertu, synonyme d'altruisme.

Poursuite du wu wei, art du non-agir.

Doit vider son exprit de toute passion.

Doit se libérer du lien terrestre.

Outil principal : l'alchimie intérieure, l'alchimie extérieure.

Alchimie intérieure

Forme de méditation qui permet de se purifier intérieurement pour atteindre l'envol mystique. Technique de régulation du souffle.

On trouve dès les textes fondateurs des exemples de régulation du souffle vital. Le qi (ou chi) est une énergie diffuse dans tout l'univers qui se confond avec le vent, l'air et l'éther : (le "temps" se dit = souffle vital du ciel, de la nature).

La vie est une concrétion provisoire du qi. La mort est la dissolution du qi, comme l'affirme Zhuangzi. Sous sa forme subtile, le qi est une énergie morale et spirituelle.

Le qi n'est ni matériel ni spirituel. Il traverse les clivages classiques corps / esprit.

L'homme est une configuration d'énergie capable d'agir sur lui-même afin d'alléger son temps de vie.

Les arts du souffle / exercices respiratoires qì gōng oeuvrent à la santé.

La médecine chinoise

Le taoïsme a développé les arts du massage, l'héliothérapie et l'acupuncture. L'acupuncture est fondée sur la théorie des méridiens reliés aux organes internes, sur lesquels circule l'énergie vitale. La santé n'est pas seulement l'absence de maladie, mais également l'accroissement de la puissance vitale, sur les plans physique, perceptif et moral. Pour être en bonne santé, il faut faire circuler le qi, expulser les souffles pernicieux. Il est nécessaire de contrôler ses émotions.

Repose sur l'alimentation, l'exercice physique, la satisfaction de son sort, et le fait d'être toujours joyeux (renoncement à beaucoup de désirs).

Par la régulation des influx vitaux,on peut parvenir à un état de clairvoyance, en fusion avec le dao.

La gymnastique

Le rythme respiratoire gouverne la circulation du sang et du qi => influence sur l'activité mentale.

tài jí quán : tai-chi-chuan (boxe du grand faîte). Créé sous la dynastie des Tang (7ème - 10ème siècles).

Plusieurs styles. Paires de gestes : le dur / le doux, le vide / le plein, ouverture / fermeture, inspiration / expiration, etc.

La diététique

Les organes du corps sont habités par des dieux et des démons, qui veulent accélérer la destruction de l'organe. Il faut consommer des herbes. Recherche de la santé par l'alimentation.

L'ésotérisme et l'alchimie

L'alchimie proprement dite est l'alchimie extérieure. Il s'agit de l'une des plus anciennes techniques, en Chine, pour accéder à l'immortalité (4ème - 3ème siècles avant JC).

Avaler des pilules ou un élixir à base de cinabre (sulfure de mercure ou de jade), bu dans une coupe en or. Aujourd'hui abandonné car indigestion.

Les arts du cinabre d'or prennent deux formes :

  • extraire le mercure de son sulfure, puis le fondre à nouveau, neuf fois.
  • extraire le yang pur influx vital par conjonction du mercure et du plomb => nombreux décès

La magie fait partie du taoïsme, chants qui accompagnent les rituels => aspect plus religieux que le confucianisme.

Le taoïsme dans le monde

L'une des cinq religions en Chine, avec le bouddhisme, le catholicisme, le protestantisme, l'islam. Enivron 30 millions de personnes. De 40 à 50 millions de personnes dans le monde.

Le livre des Mutations - Yi Jing (易经)

A l'origine, le Yi Jing est un instrument de divination. Sous les Zhou, les hommes d'état le consultent comme manuel de divination. Il ne fait pas partie des livres canoniques cités sous les Royaumes Combattants.

Sous les Qin, il échappe à l'autodafé des livres confucéens.

Sous les Han, il est intégré aux cinq Classiques.

On consulte le Yi Jing à travers les trigrammes et hexagrammes. Trait plein : yang, trait redoublé : yin. Un trait : yáo (爻). Trois traits (trigramme) : guà. bā guà = 8 trigrammes (extrait de wikipedia ) :

Trigramme Sinogramme Pinyin Image naturelle Qualités Autres images
Trigramme qián du Yi Jing qián le Ciel
Créativité, force,
initiative
Le créateur, le cheval (bon, vieux, maigre, sauvage), le père, la tête, le rond, le prince, le jade, le métal, le froid le glace, le rouge sombre, un fruit...
Trigramme kūn du Yi Jing kūn La Terre
Disponibilité, adaptabilité,
accueil, don de soi
Le réceptif, la vache, la mère, le ventre, une étoffe, un chaudron, l'économie, l'égalité, le veau avec la vache, un grand char, la multitude, le tronc, le sol noir parmi les autres...
Trigramme zhèn du Yi Jing zhèn Le Tonnerre
Impulsion, mise en route,
secousse
L'éveilleur, le dragon, le fils ainé, le pied, jaune sombre, une grande rue, un roseau ou un jonc...
Trigramme xùn du Yi Jing xùn Le Vent, le Bois
Pénétration, soumission,
intériorisation
Le doux, le coq, la fille aînée, les cuisses, le corbeau, le travail, le blanc, le long, le haut, l'indécis...
Trigramme lí du Yi Jing Le Feu
Clarté, lucidité,
vivacité, éclat
Ce qui s'attache, le faisant, le fille cadette, l'œil, le brillant, la cuirasse et le casque, la lance et les armes, la sècheresse, la tortue, le crabe, l'escargot, l'arbre desséché dans sa partie haute...
Trigramme kǎn du Yi Jing kǎn L'Eau
Profondeur, endurance,
peur
L'insondable, le porc, le fils cadet, l'oreille, les fosses, les pièges, l'arc et la flèche, le sang, le rouge, la lune, le bois ferme avec beaucoup de marques...
Trigramme gèn du Yi Jing gèn La Montagne
Rigueur, cohésion,
calme, solidité
L'immobilisation, le chien, la main, le 3e/le plus jeune fils, le chemin détourné, les pierres, les portes, les fruits, les semences, le bois ferme et noueux...
Trigramme duì du Yi Jing duì Le Marais
Aptitude à l'expression et à la communication,
joie, légereté
Le joyeux, le mouton, la 3e/la plus jeune fille, la bouche (& la langue), la magicienne, ecraser briser en morceau, la voisine, le sol dur et sallé...

Commentaires d'interprétation mis en place par Confucius. Font partie des Dix Ailes qui s'ajoutent au noyau initial.

Les combinaisons de deux trigrammes donnent 64 hexagrammes, créés sous la dynastie Xia, puis classés par le roi Wen de Zhou, qui a ajouté les sentences divinatoires pour les expliquer. Le Duc de Zhou a ajouté une explication ligne par ligne.

Les Dix Ailes attribuées à Confucius :

  1. Tuan (1 et 2) : deux parties, porte un jugement sur un hexagramme dans son ensemble, et sur la sentence divinatoire qui l'accompagne
  2. Xiang (3 et 4) : la figure, porte sur l'hexagramme pris comme figuration d'une situation divinatoire. Grande figure, interprétant sur le plan figuratif la sentence portant sur l'ensemble. Petites figures, interprétant les sentences portant sur chacun des traits.
  3. Xici (5 et 6) ou Dazhuan : sentences attachées / grand commentaire, traité sur le Yi Jing pris comme un tout cohérent. Daté du début des Han, transforme le Yi Jing en traité cosmologique. La plus belle formule de l'intégration confucéenne du Ciel et de l'Homme.
  4. Wenyan (7) : commentaires sur les mots, très développé, mais ne porte que sur les deux premiers hexagrammes.
  5. Shuogua + Xugua + Zagua (8, 9 et 10) : considérations diverses sur les noms des figures, ainsi que sur leur ordre de succession ou leur disposition.

La disposition des huit trigrammes de base suit deux modèles principaux : le diagramme antérieur au ciel (ciel en haut), et le diagramme postérieur au ciel (ciel en bas à droite).

Pour le livre des mutations, l'explication est différente selon la situation dans laquelle se trouve la personne qui le consulte. Il n'y a pas de situation idéale. Tout est changeant, pas de situation statique. Il ne s'agit pas de trouver de réponse type.

La modification d'un seul yao (trait) peut changer le sens de l'ensemble. Les 64 figures illustrent les mutations.

Les permutations renseignent sur la conjoncture. Le devin interprète le changement dans la nature et la société.

Les gua sont toujours interprétés deux par deux. Un premier tirage donne la situation actuelle. Un deuxième tirage donne le devenir de la situation actuelle.

Il faut poser une question précise. Se laver les mains, se concentrer pour le tirage.

Méthode traditionnelle : 50 baguettes . On en utilise 49. La 50ème représente l'unité primordiale. Les baguettes sont posées sur la table, puis séparées en deux tas, au hasard. Avec la main gauche, on prend le tas de gauche. Avec la main droite, on enlève les baguettes 4 par 4 jusqu'à ce qu'il en reste 1, 2, 3 ou 4. On fait la même chose avec les baguettes de droite. On additionne, pour obtenir soit 5 soit 9. Si on obtient 5, la valeur numérique est 3. Pour 9, c'est 2. On éloigne les baguettes utilisées.

On procède à deux autres tirages. En additionnant les valeurs numériques des trois tirages, on obtient le premier trait (celui du bas) de l'hexagramme.

On répète ces opérations, pour chaque trait de l'hexagramme. Ce dernier représente la situation dans laquelle on est.

Avec des pièces de monnaie, on attribue la valeur 3 (yang) à une face, la valeur 2 (yin) à l'autre. Et on jette trois fois, pour avoir un trait :

  • 3 3 3 -> 9 --- transformable
  • 3 3 2 -> 8 - -
  • 3 2 2 -> 7 ---
  • 2 2 2 -> 6 - - transformable

Les hexagrammes traduisent des situations transitoires, le sens étant dans leur transformation.

Le ciel (☰) : force du bien, puissance, action, créativité, détermination, lumière, élévation. Il faut voir son devenir. Commentaire : ne soyez jamais prétentieux.

L'eau : ☵.

Le feu : ☲.

Les deux derniers hexagrammes, le 63 (䷾) et le 64 (䷿), alternent le yin et le yang dans un ordre différent.

63 : accomplissement, achèvement, l'ordre est établi.

64 : ne signifie pas la fin, entame une nouvelle tranche de vie, annonce d'un nouveau commencement.

L'enseignement du Livre des Mutations

La mutation s'inscrit dans l'ordre des choses. Un être vivant n'est jamais définitif. Le Yi Jing est un aspect manifeste du Dao. Le Grand Commentaire Xici est une bonne manière d'appréhender les choses.

Le langage de la combinaison des hexagrammes donne une configuration structurée d'un monde où tout est signe. Monde = ensemble de symboles et d'indices.

Avec le Yi Jing, on tend vers une conception naturaliste et non plus magique de la divination (changement par rapport au début des pratiques divinatoires).

Le Yi Jing permet d'anticiper une situation et de trouver une solution.

La riche combinatoire des traits, des trigrammes et des hexagrammes fournit une symbolique inépuisable, permettant de représenter toutes les situations qui peuvent arriver dans le monde.

Le Yi Jing peut apprendre l'exploitation du potentiel. Postulat : le futur est déjà dans le présent, à l'état de germe.

Dans le monde, tout est lié, rien n'est indépendant. L'alternance yin yang est la matrice de l'oscillation entre ce qui est imminent et ce qui est manifeste, entre la quiétude de la latence yin, et le mouvement de l'action représentée par le yang. Yin = repos, yang = action.

Ce va-et-vient constant indique que la réalité est une mutation. La symbolique dérivée des mutations offre un système clos, et en même temps ouvert. Le saint est celui qui se met en condition pour répondre au changement.

Xunzi : répond au changement et se plie au mouvement du temps, agissant au bon moment et s'ajustant à la situation.

Opportunités 时 : circonstance, temp, moment. Exigence d'adaptation. Moments plus ou moins favorables. C'est ce que l'on appelle les 时.

Notion développée dans le livre de Menzi : 大学.

Mengzi : toute chose a des racines et des branches. Connaître le bon ordre de succession des choses, c'est connaître le tao. Il faut exercer sa vertu au moment le plus opportun.

Univers : champ en pleine mutation. Le sage s'y intègre et guide le flux des évènements.

Sous dynastie des Song (960 - 1279). Mouvement du néo-confucianisme, femmes chastes, mode des petits pieds. Après introduction et conquête du bouddhisme. Confucius présenté comme seul enseignement officiel.

Vers 11ème siècle, certains penseurs reviennent sur la cosmologie selon la tradition des mutations. Certains aspects ésotériques sont associés.

Le feng shui 风水

Vent et eau, ou géomancie.

Existe dès la plus haute antiquité. Les souverains ont recours à la géomancie quand ils font construire édifices, palais, villes.

On observe la situation géographique ou topographique pour connaître la présence des cinq éléments. Il faut que tout soit harmonieux. Analyse des courants énergétiques. Le feng shui s'applique à la nature, l'acupuncture s'applique à l'homme.

Se pratique encore dans les régions rurales. Actuellement en renouveau.

Famille et mariage dans la Chine traditionnelle

Quand le PC chinois est fondé en 1921, il réforme le système patrimonial. C'est le thème central de son action.

Réforme agraire : soutien aux paysans. Prendre la terre aux riches, et la distribuer aux pauvres.

La famille chinoise

Fondement de la société chinoise. La famille possède ensemble des terres. Tous les membres d'une même famille rendent hommage aux mêmes ancêtres. La famille est responsable des méfaits de l'un des siens. Mais retire aussi du prestige de l'un des siens. Sous le même toit : parents, fils, épouses. Les filles ont un statut spécial. Dans l'idéal, trois générations vivent sous le même toit (voire quatre ou cinq).

Dans le sud de la Chine, épargné par les invasions des barbares, on vit dans un village où tous les membres sont plus ou moins apparentés, au sein d'un clan.

En général, au sommet se trouve le père, dont l'autorité est incontestée. Puis viennent femme, enfants, domestiques (soumis) . Respect du plus âgé : "grand frère", "grande soeur".

Le chef de famille ne menace pas de châtiments corporels. Mais il doit arborer le masque de l'autorité tranquille, et ne pas manifester de sentiments.

Les enfants ont un respect craintif du père.

La femme du père assure la descendance, et le culte aux ancêtres. L'épouse est inférieure à l'homme.

Sous les Song, on impose aux filles la chasteté et les pieds bandés. La femme doit servir son mari, et donner des enfants mâles.

xiào : piété filiale, première des qualités. Autre point important : donner une descendance masculine. Une femme qui faillit à ce devoir peut être répudiée.

Les domestiques doivent obéissance au chef de famille et à l'épouse. Les servantes sont vendues par leur famille. Elles doivent un nombre d'année proportionnel à leur coût. Elles sont entretenues par la famille. Elles doivent adopter le nom de la famille du maître. Elles peuvent être revendues ou offertes comme un objet.

Une subtile hiérarchie

L'individu doit être capable de se situer dans sa famille : on s'adresse à quelqu'un par son titre.

Le titre oncle n'existe pas : on utilise frère aîné ou cadet du père, ou frère de la mère. De même, pour tante, on trouve soeur de la mère ou du père, ou épouse du frère de la mère... Il en est de même pour les cousins et cousines.

Complexité des dénominations

L'enfant ne prononce jamais le prénom des parents. A l'école, c'est considéré comme une faute de prononciation ou d'écriture, quand on donne le nom de ses parents.

Le prénom du garçon est un signe qui désigne son rang de génération. Pas strict aujourd'hui, sauf dans deux noms : Kong et Mong (76ème génération).

Dans les familles pauvres, les filles ne font pas d'étude. Et il n'est pas nécessaire pour elles d'avoir un prénom. On utilise fillette, petite fille, 1ère fillette, 2ème fillette... Les filles sont là provisoirement, car elles vont se marier.

La femme

Etre une mère avant tout. Elle doit obéir au père avant le mariage, au mari après le mariage, et au fils quand elle est veuve. 

Sa place est définie par rapport à l'homme. Sa vocation est de donner une descendance masculine.

Dès le mariage, elle prie pour avoir un fils. Sinon, elle risque la répudiation, avec ou sans dot. Peut  être négocié si la famille de la femme est puissante, ou si le remariage du mari est à nouveau sans enfant. La femme peut aussi rester avec le mari, pour trouver une ou plusieurs concubines.

Pour une jeune  femme: déconseillé de trop se cultiver. Le roman pervertit. La littérature (roman, pièce de théâtre) = forces corruptrices.

Le docteur n'a pas le droit de toucher une femme. Il prend le pouls en utilisant un tissu.

Si le premier enfant est une fille, on espère un fils. Si le nouveau-né est un garçon, une grande fête est organisée, et la mère a gagné le respect de toute la famille.

La première année, le petit est baigné. On lui présente divers objets. S'il attrape l'argent, il sera riche ; s'il attrape le pinceau, il sera lettré...

Dans le livre de Confucius : "Est sage la femme sans talent." "L'absence de talent, c'est déjà le gage de la vertu."

L'éducation des filles est limitée : livres sacrés, avec histoires de femmes exemplaires, quelques caractères.

Devoirs : apprentissage d'ouvrages domestiques, travaux à l'aiguille, étude de la musique, poésie, peinture. Mais sans excellence, et seulement pour plaire à l'époux.

Celles qui excellent sont des prostituées jì, qui rime avec habileté, dextérité jì.

L'éducation sérieuse est le privilège des garçons : connaissance des Cinq Classiques, puis concours impériaux, pour devenir fonctionnaire.